LA CHANCE QUI DANSE

Prix Escourbiac — Fondation des Treilles 2025

Installée au Maroc depuis une vingtaine d’années, j’ai pu observer la sensibilité de l’âme marocaine, la simplicité de nos relations, leur qualité humaine. Ce qui m’a frappée aussi, c’est leur rapport au temps, pour eux il n’existe rien d’autre que le présent.

J’ai tenté par l’acte photographique de faire du temps mon allié. De rencontrer l’autre par l’instantanéité.

L’instantanéité de la photographie et cette vie dans le présent, me permettent de tisser un lien avec mes sujets ainsi que de pénétrer dans des univers clos.

La vulnérabilité d’hommes s’abandonnant aux mains du barbier, la pratique de l’Islam, mystique et tolérante, ou la rencontre des charbonniers et leurs conditions de travail extrêmement précaires.

Ma relation à l’autre est tout aussi importante que l’histoire racontée, j’oscille et danse entre intime et témoignage de l’âme marocaine qui m’habite depuis que j’y vis.

Capturer ces instants est une approche que je fais à tâtons, sans jamais rien précipiter, avec toute la fragilité que cela comporte, un exercice d’équilibriste, un défi peut-être.

Un jour, un homme que je photographiais dans un souk de campagne m’a dit « C’est la chance qui danse ».

Le hasard de la vie, de la photographie.

- Delphine Warin